Restitution de la résidence Excellence Métiers d’Art de Alban-Paul Valmary avec les DNMADe Graphisme à l’Ésaab de Nevers
Dans le cadre de sa résidence avec les DnMade graphisme de l’Ésaab de Nevers, Alban-Paul Valmary a voulu s’attaquer à la très grande échelle : non pas seulement celle des voiles de toues cabanées, ces bateaux traditionnels à fond plat, mais bien celle d’un fleuve entier, d’un fleuve indomptable : la Loire.
Le cours d’eau fut longtemps tenu par la corporation commerciale des mariniers. Les mariniers ont été à l’origine d’échanges, volontaires ou accidentels, entre entités humaines et non humaines. Ils participèrent à complexifier les milieux, à épaissir le présent. C’est du moins ce qu’Alban-Paul a cherché à montrer avec les étudiants, après la rencontre du collectif Terrains Communs et de Jean-Marc Benoît, dit Bibi, ancien pêcheur, véritable mémoire de la Loire reconverti en architecte naval à cause d’un coquillage parasite venu des Philippines. Sur les voiles de bateau, comme sur des étendards, il a révélé des cyanotypes de renouées du Japon d’un côté, et de l’autre, de cordes qu’on appelle ici des “chevêtres”, suggérant des micro-organismes, des êtres embryonnaires qui s’entremêlent.
Il s’agit ici de pointer notre responsabilité dans les transformations de ce monde et d’inviter à apprendre à « vivre avec le trouble » via une série de négociations. Il s’agit de rives qui, par le jeu savant des courants, relient plus qu’elles ne séparent, d’amitiés scellées dans des sables mouvants, des plantes patibulaires qui peuvent soudain s’affirmer fourragères, mellifères, voire médicinales ou dépolluantes.
D’après Tony Côme
Photo crédit : Maxime Félix