30
mars
29
avril

LE GRAND SOLEIL QUI NOUS MONTE À LA TÊTE

Anne Eppler

« Le Grand Soleil qui vous monte à la tête » et « Des Origines » font partie d’une double exposition du dispositif « Pôle position »

Anne Eppler photographie des personnes qui lui sont inconnues.

Dans un premier temps, elle frappe à la porte des maisons, au hasard, ou bien parce que celles-ci évoquent chez elle un souvenir, voire une émotion. Parfois, elle aborde aussi les gens dans la rue. Le moment qu’elle préfère le plus dans son travail est l’instant où elle s’ouvre à une rencontre inédite, la plongeant dans l’inconnu. Toutes ses photographies sont faites dans un mélange de peur et d’excitation issue de cet instant. Elle imagine l’autre, le rêve, le fantasme, cherchant à réaliser des images qu’elle a déjà en tête. De l’étrange état intérieur que suscitent chez elle ces rencontres, de l’intimité que ces personnes lui offrent et de la confiance qu’elles lui accordent, est né le souhait de garder une trace, par leurs gestes et leurs regards, de ces moments en images : « Il s’agit d’installer une confiance avec mon sujet et d’atteindre une forme de lâcher prise, d’abandon de soi, afin de produire une image familière qui suspende totalement la méfiance. »

La palette chromatique et lumineuse, singulière, qui donne forme à ses photographies, rassemble ces personnes comme faisant partie d’une même famille. De ses photographies, émane alors une certaine douceur mêlée d’étrangeté.

Depuis plusieurs années, l’architecture de son travail d’artiste s’est construite ainsi, d’abord auprès d’une dame vivant seule chez elle, puis avec des enfants d’amis. Mais c’est à Berlin, en 2021, que le travail s’est développé dans les jardins familiaux dont on connaît l’histoire depuis le XIXe siècle grâce à l’action déterminante du médecin et pédagogue, Moritz Schreber. Sur cette histoire s’en superpose une autre, celle des berlinois qui se réfugièrent après la destruction de leur ville pendant la seconde guerre mondiale, dans les cabanes de leurs jardins alors que leurs habitations étaient détruites. Le geste d’Anne Eppler n’en prend que plus de relief, notamment quand ce couple âgé offre leurs corps à son regard respectueux. Ce sont de ces photographies qu’est issue l’exposition présentée à Belfort au mois d’avril.

Anne Eppler est actuellement résidente aux ateliers de la Halle 38 après avoir obtenu son Diplôme National Supérieur d’Expression Artistique et son Master 2 à l’École Nationale Supérieure d’Art de Dijon en 2022. Elle est originaire de Mulhouse.

Texte co-écrit avec Philippe Bazin

Exposition programée dans le cadre du Mois de la Photo de la Ville de Belfort

Avec le soutien de la Drac Bourgogne Franche-Comté

30 mars 2023
au 29 avril 2023
Tarif : Entrée libre
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