« S’il faut essayer de cerner les caractéristiques de cette jeune peinture, c’est d’abord son inscription dans son temps ; elle présente le monde d’aujourd’hui, les préoccupations et inquiétudes de cette génération. Face à la saturation d’images issues d’Internet, la peinture est sans doute une réponse à ce trop-plein avec sa lenteur, son silence, son intensité, sa gravité.
Paradoxalement, de nombreux artistes puisent leurs images dans ce vivier qu’est Internet, représentent des smartphones ou des ordinateurs dans leurs compositions (Ymane Chabi-Gara, Marius Pons de Vincent, Shu Rui, Jean Claracq) ou assignent à leurs peintures mêmes le format du téléphone portable (Louise Belin, Louise Sartor).
Les grands genres de la peinture ancienne – paysage, portrait, nature morte, nu, histoire – sont revisités, montrant ainsi que la peinture a quelque chose à nous dire sur l’état du monde, sur
celles et ceux qui y vivent simplement, qui regardent leur environnement et réfléchissent à l’habiter autrement.
Le paysage, genre très souvent abordé par Marine Wallon, Jérémy Liron, Louise Sartor, Clémentine Chalançon, Christine Safa, Eva Nielsen, Thomas Lévy-Lasne, Valentin Guichaux, est celui, fracturé, du XXIe siècle. Le portrait est celui de cette génération empathique ; Miranda Webster, Marion Bataillard, Ymane Chabi-Gara, Marius Pons de Vincent, Simon Martin et Nathanaëlle Herbelin s’exercent à l’autoportrait et prennent leurs amis comme modèles. Cyril Duret quant à lui nous montre le milieu de l’art et Nadjib Ben Ali celui du football.
La nature morte est aussi présente chez Mireille Blanc, Simon Leroux, Shu Rui, Mathieu Cherkit, Aurélie de Heinzelin, Clémentine Margheriti et Miranda Webster.
Le souvenir de l’abstraction est présent chez nombre d’entre eux comme le montrent l’utilisation de la fragmentation chez Mireille Blanc, les références aux modernes chez Corinne Chotycki, Clémentine Chalançon, Elvire Caillon ou Manon Vargas. Ainaz Nosrat et Laurent Proux nous transportent quant à eux dans un univers onirique.
Ces artistes portent une attention particulière aux expérimentations techniques et l’inventivité est dans ce domaine remarquable : ainsi Marion Bataillard, Miranda Webster et Jean Claracq retrouvent ils la pratique de la peinture sur bois, comme Marius Pons de Vincent, ainsi que la peinture sous et sur verre, Corinne Chotycki et Marion Bataillard l’art de la détrempe ; Eva Nielsen superpose sérigraphie, organza, peinture et encre, et expérimente même le support du cuir ; enfin Guillaume Bresson peint à fresque, Clémentine Margheriti utilise l’ardoise comme support et Louise Belin le tissu plâtré. Tous ces artistes ont fait le choix d’une peinture cultivée, aux nombreuses références.
Si notre choix s’est porté sur trente artistes, c’est la surface d’exposition dans les lieux qui nous a imposé de ne pas dépasser cette jauge, mais la sélection a été difficile, tant de nombreux
artistes de cette génération nous semblent passionnants et originaux, et auraient mérité d’y figurer. Écrire une nouvelle page d’histoire de la peinture avec une nouvelle génération pleine
d’allant et d’empathie permettant de susciter des échanges, des débats entre les artistes, les commissaires, les professeurs, les conservateurs, les critiques, les collectionneurs, voici notre
ambition. »
Anne Dary – Conservatrice en chef honoraire du patrimoine
L’exposition est coproduite avec le MASC - musée d’art moderne & contemporain des Sables d’Olonne et le musée Estrine de Saint-Rémy-de-Provence. Elle a reçu le soutien de la DRAC Bourgogne-Franche-Comté, du Conseil départemental du Jura, et de l’association des Amis du musée de Dole.
Commissariat scientifique de l’exposition :
Anne Dary
Conservatrice en chef honoraire du patrimoine
Commissariat général de l’exposition :
Sébastien Sévery
Conservateur du patrimoine, directeur du musée des Beaux-Arts de Dole
Visite de presse : Le jeudi 12 octobre à 14h30
Vernissage : Le jeudi 12 octobre à 18h